Pensées

Radio dans le sens de flottant dans l'espace, libre, intégré au paysage.
Radio, quand le temps est complètement élastique
comme une fenêtre ouverte sur le monde
avec le bruit des couteaux et des fourchettes
et surtout des voitures et des machines
il s'agit d'étendre un décor sur le décor
Radio dans le sens de proximité
de jeux d'échelle
de perméabilité étouffante
d'ubiquité et d'omniscience
de la femme couchée dissimulée dans les lignes du roc
Radio dans le sens de sensualité plus que de contrôle
touchers et jeux de cache-cache
et pourtant prise d'otages
étendre son (dé)cor sur le décor de tout le monde
Radio comme respiration
comme élan de vie spontanée
palpitations qui nous sont invariablement adressées
Radio comme un ami imaginaire
comme penser au destinataire
lui inventer une architecture spécifique et mouvante
pour s'y promener avec lui, en aveugle
Radio comme secret nocturne
comme pêché solitaire
à susurrer dans l'oreille
d'un parfait inconnu
Radio comme projection, jaillissement, réflexions
comme masque nécessaire
comme couverture mystérieuse et confortable
comme appât de l'Autre
Radio enfin comme lieu de rencontre et de voyage,
comme lieu intime, maison close
mascarades et processions
en électriques transhumances
Result : long. the traces were too small and some fell off as I drilled holes for the components.
Culpric chloride was grown from the etchant.



Mots de Sonya et moi, vidéo d'Albérick.

Merci au Fab Lab du PEC et particulièrement à Raphaël Demers.


Un des éléments les plus intéressants dans cette valise : un breadboard aux couleurs douteuses retenant un SN76477, soit un générateur sonore complexe.
Je me suis donc attelée à la construction du B.E.R.N.A.R.D. dont voici la première mise forme. Je dis première, car il me faut une interface stable de base pour pouvoir jouer, pour pouvoir rêver la meilleure interface pour le circuit. Le circuit comprend un VCO, un LFO, un 'faux' bruit blanc et son filtre, une enveloppe, un amplificateur. Des interrupteurs permettent les combinaisons de sorties audio.
Les avenues que j'ai prises à date :
- permettre au LFO d'opérer dans des fréquences audibles
- calibrer le bruit blanc pour générer des motifs
- explorer les possibilités de toucher, qui sont très bonnes (une forme de Marquinétique ?...). Étrange que je n'ai trouvé personne qui explore ce phénomène en faisant mes recherches alors que la simplicité logique du chip est si propice !
À suivre...



J'ai noté dans mon carnet :
Comme en photo argentique, comme en transmission radio, il y a la magie brute, primitive, merveilleuse de l'apparition. Comme en photo et en radio, il y a la promesse et la menace de répercussions chimiques, radioactives, dangereuses. (Al)chimie de l'invisible.
Les deux images suivantes sont le tracé de mon circuit et sa reproduction sur plaque de cuivre grâce au CNC du FabLab du PEC.
Le résultat est très beau, mais il semble que les traces soient peut-être trop proches les unes des autres quand on ne fait que tracer les contours sans enlever l'espace entre les traces. À suivre donc...
Un immense merci à Raphaël D. et Stéphanie C. pour leurs conseils et soutien.



- fixed the main frequency pot on VCO1 and added a fine tune (it used to mostly just spit a very high-pitched eeeeeeeeeeeee)
- added a sync switch from VCO 2 to 1
- added an extra audio input to the VCF with volume control (minijack, for radios)
- removed an old 4017-driven fixed resistor sequencer. used the existing panel holes for making 1#4 inch jack to banana converter. for the rest of the holes I'm working on a dual LFO turns psycho idea...
- added on-panel triangle and square outputs on VCO 2
- also split the different LFO waveforms into separate CV outputs
It's all about splitting the spit.
- next I fixed the envelope and the mixer which were just dead for months. This brought back the white noise in the mix. It's breathing again and I don't have to play volume knobs exclusively anymore :)
- last but not least : rearranged the power supply section, which left room for a Doepfer antenna-to-CV board. It didn't come with the original antenna so I soldered one up on top of a mini jack.
Well, there's still some things I'd like to change (the spanking sound when I touch the filter CV input...), but have been playing everyday since repair !


Idée nostalgique mais essentielle, si on se place du point de vue de l'évolution plutôt que de la survie.
Il y a la libération, en réassemblant un objet, de réévaluer sa valeur, de lui inventer de nouvelles fonctions.
Il y a la possibilité de créer un objet nostalgique dans le sens que son critère de valeur soit la poésie.
photo : Radio Juliette circuit-bendée avec LFO à 2 vitesses et PWM, fin 2015

Le son est devenu images. Images que l'on veut simples et percutantes, faciles à décoder en un clin d'oeil dans notre langage habituel, images qui vendent.
Pourtant, l'écoute, la posture d'écoute, la complexité des espaces sonores est si rarement bien exprimée en images, pour une raison simple, ces aspects sont majoritairement occultés lors de la documentation d'une oeuvre sonore.
On s'intéresse à la mise en images du son en séparant apparence et expérience, on le présente techniquement, vide de vie.
On se trompe à chercher à rendre l'art sonore visuel par défaut ou à tout prix.
Ceci me paraît une imposture à l'égard de l'écoute. Dans le son, c'est précisement ce qu'on ne voit pas qui est important.
Le son, c'est un engagement dans le temps et l'espace. Si vous n'êtes pas là à vivre cette trame physique et temporelle, il ne se passe rien.
Pour moi, pour nous, le travail avec le son est une forme de connexion profonde, une discussion entre soi et le temps.
Le travail en art sonore c'est d'arriver à convaincre les gens de participer plutôt que de s'abreuver à un divertissement, prendre le public comme destinataire d'un expérience commune au lieu de remplir l'espace vide de la galerie ou de la salle de concert.
C'est la responsabilité de vous faire rentrer dans notre monde d'écoute de tout, vous faire voyager avec du petit et du commun pour que vous puissiez poursuivre l'écoute, sans transitions, sans frontières.
De la salle de concert jusqu'au retour chez vous.
L'objectif : comme nous, vous écouterez toujours. Vous baisserez la musique pour entendre l'au-dehors.
Vous vous mettrez à aimez les musiques qui laissent une place au paysage, qui respirent assez pour que la vie puisse s'insuffler dedans, avec.
Vous vous mettrez consciemment à provoquer le calme ou le plein.
Vous interviendrez dans l'espace, vous en ferez partie. Le son n'est pas une symétrie stéréophonique. Le son s'écoute à travers toutes les trous et par tous les côtés, et parfois bien mieux à travers la vitre de la fenêtre, couché par terre, ou depuis une autre pièce.
Écouter est en fait une intéressante voie vers la compréhension de soi, des espaces et de ses habitants.
Plus de célébration du petit, de l'instable, du vivant, du mouvement
Plus d'éléments simples et particuliers dont l'agencement et le dispositif forment la partition
Plus de considération de la présence en général : gestes sonores, prise en compte du public, jeux d'espaces...
Moins de glorification d'un kit d'oiseaux et de guitares électriques faisant l'apologie de notre culture visuelle. Poétique ? Pas éthique...
Moins de fascination devant des électroniques complexes au profit d'une plus grande diversification de sons de textures et de natures différentes.
L'instrument devrait plutôt être au service des idées et des désirs de son joueur.
Et je pense qu'il faut arrêter de prétendre à l'ubiquité : mieux vaut simplifier la source sonore que d'oublier ses collaborateurs et auditeurs.